Les cryptomonnaies ne cessent de transformer le paysage financier mondial, particulièrement dans les pays en développement où elles représentent bien plus qu'une innovation technologique. Elles incarnent une véritable opportunité de changement social et économique pour des millions de personnes privées d'accès aux services bancaires traditionnels.
L'inclusion financière grâce aux cryptomonnaies
L'utilité sociale cryptomonnaies se manifeste d'abord et avant tout dans leur capacité à offrir une inclusion financière inédite aux populations marginalisées. Dans la zone CEMAC, le taux de bancarisation ne dépasse pas les 15 pour cent selon les données de 2020, tandis qu'en Afrique subsaharienne, ce chiffre atteint seulement 43 pour cent. Ces statistiques révèlent l'ampleur du défi : des centaines de millions de personnes restent exclues du système bancaire formel. La Banque Mondiale recensait encore 1,4 milliard d'adultes sans accès aux services financiers de base en 2022. Face à cette réalité, les actifs numériques apportent une réponse concrète en permettant à quiconque disposant d'un téléphone mobile et d'une connexion internet d'accéder à des services financiers, contournant ainsi la nécessité d'infrastructures bancaires coûteuses et souvent absentes des zones rurales.
L'accès aux services bancaires pour les populations non bancarisées
L'adoption du Bitcoin et d'autres cryptomonnaies permet aux populations non bancarisées de participer pleinement à l'économie numérique mondiale. Dans des pays comme le Nigeria, devenu le premier pays d'Afrique en utilisation de Bitcoin, les citoyens trouvent dans ces technologies une alternative viable aux systèmes bancaires traditionnels défaillants. Le Vietnam illustre également cette tendance, se classant premier mondial en adoption des cryptomonnaies en 2020 avec 21 pour cent des consommateurs utilisant ces actifs numériques. Cette démocratisation de l'accès aux services financiers transcende les barrières géographiques et socioéconomiques, offrant aux personnes les plus vulnérables une autonomie financière jusqu'alors inaccessible. La tokenisation et la technologie blockchain, fondements de cet écosystème, permettent d'établir des registres distribués fiables sans recourir à des intermédiaires coûteux.
La réduction des coûts de transfert d'argent transfrontaliers
Les transferts d'argent internationaux représentent une ligne de vie essentielle pour des millions de familles dans les pays en développement. Pourtant, les méthodes traditionnelles imposent des frais prohibitifs pouvant atteindre jusqu'à 20 pour cent du montant envoyé. Les cryptomonnaies révolutionnent cette dimension en permettant de réduire ces coûts drastiquement, à moins de 1 pour cent dans certains cas. Selon les travaux de l'Autorité monétaire de Singapour, les technologies de registres distribués pourraient rendre les paiements transfrontaliers non seulement moins chers, avec des frais inférieurs à 1 pour cent au lieu de 6 pour cent, mais également beaucoup plus rapides, avec des transactions effectuées en moins de 10 minutes contre 2 à 3 jours actuellement. Cette efficacité accrue libère de la valeur économique considérable pour les populations qui dépendent des envois de fonds de leurs proches travaillant à l'étranger. Le financement du commerce bénéficie également de ces innovations, avec le traitement des lettres de crédit passant potentiellement de 5 à 10 jours à moins de 24 heures.
La protection contre l'instabilité économique locale

Au-delà de l'inclusion financière, les actifs numériques offrent une protection précieuse face à l'instabilité économique chronique qui frappe de nombreux pays en développement. Cette dimension constitue l'un des arguments les plus convaincants pour l'adoption massive des cryptomonnaies dans ces régions.
Un refuge face à l'hyperinflation des monnaies nationales
L'hyperinflation constitue un fléau dévastateur pour les populations des pays en développement. Selon les données de l'AFP et de TV5 Monde, l'inflation a poussé 71 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en 2022. Face à cette réalité, le Bitcoin et d'autres cryptomonnaies servent de réserve de valeur alternative, permettant aux citoyens de préserver leur pouvoir d'achat. Au Venezuela, confronté à une hyperinflation catastrophique, la population s'est massivement tournée vers les cryptomonnaies comme alternative à la monnaie nationale dépréciée. En Argentine également, les citoyens utilisent ces actifs numériques pour éviter la dévaluation constante de leur monnaie. Le Salvador a franchi une étape historique en adoptant le Bitcoin comme monnaie légale en septembre 2021, suivi par la République Centrafricaine en avril 2022. Bien que ces décisions aient suscité des critiques de la part des États-Unis et du Fonds Monétaire International en raison de la volatilité du Bitcoin, elles témoignent d'une volonté d'explorer des solutions innovantes face aux défaillances des systèmes monétaires traditionnels.
L'autonomie financière face aux restrictions gouvernementales
Les cryptomonnaies offrent également une autonomie financière essentielle face aux restrictions gouvernementales qui peuvent limiter l'accès des citoyens à leurs propres fonds. La transparence des transactions permise par la blockchain constitue un rempart contre la manipulation et la corruption, deux problèmes endémiques dans de nombreux pays en développement. Cette transparence permet de tracer chaque transaction de manière immuable, réduisant ainsi les opportunités de détournement de fonds publics. De plus, les actifs numériques facilitent le financement participatif à l'échelle mondiale, permettant aux entrepreneurs locaux de collecter des fonds pour des projets innovants sans dépendre des circuits financiers traditionnels souvent monopolisés par les élites. L'Autorité monétaire de Singapour, à travers son Project Guardian, explore d'ailleurs les applications des actifs numériques sur les marchés de financement de gros, démontrant l'intérêt croissant des institutions financières pour ces technologies. Les stablecoins ou jetons indexés présentent également un potentiel significatif lorsqu'ils sont correctement réglementés et garantis, bien que l'effondrement du TerraUSD ait souligné la nécessité d'une supervision rigoureuse. Le Conseil de stabilité financière actualise d'ailleurs régulièrement ses orientations sur ces instruments. Même en Chine, malgré une répression stricte, le pays se classe au dixième rang mondial en adoption des cryptomonnaies, témoignant de l'attrait persistant de ces technologies. Les monnaies numériques de banques centrales, explorées notamment à travers le Project Dunbar qui étudie une plateforme commune multi-MNBC pour les échanges atomiques entre plusieurs pays, pourraient également jouer un rôle dans l'amélioration des paiements transfrontaliers. L'avenir dessine probablement un écosystème où actifs numériques et systèmes financiers traditionnels coexisteront, offrant aux populations des pays en développement un éventail élargi d'options financières adaptées à leurs besoins spécifiques.




























